« Inabordables les avocats d’affaires ? Vous aussi vous les trouvez inaccessibles ? Trop chers ? Trop éloignés de vos affaires ? Trop jargonnants ? ». C’est ainsi que Marc Lipskier, fondateur de Bamboo & Bees, introduit son sujet.
Bamboo & Bees : un cabinet qu’il a créé en janvier 2009 et qu’il qualifie de ruche d’avocats innovants, une « marque » doublée d’un slogan, « nous démocratisons le droit des affaires ».
Marc Lipskier, ancien avocat du cabinet Bird & Bird, est en rupture avec l’image classique des avocats d’affaires. « Leur image est mauvaise, déplorable, de nombreuses études le démontrent. Un cabinet d’avocats d’affaires cherche toujours comment mieux rémunérer ceux qui sont déjà les mieux rémunérés. Je pense que le monde des avocats d’affaires est co-auteur de la crise actuelle. Il ne se distingue plus du monde des banquiers. Même tarifs ou presque, même type de bâtiments, même type de vêtements. Qui fait les fusions-acquisitions ? Qui crée les produits financiers ? »
Alors Bamboo & Bees a décidé de prendre le contre-pied et d’adopter un positionnement résolument militant.
En créant la marque Bamboo & Bees, Marc Lipskier a d’emblée voulu créer un capital de sympathie auprès de ses clients. « On peut faire des choses sérieuses sans se prendre au sérieux ». Pourquoi les abeilles : parce que ce sont des animaux nécessaires au maintien de la vie, elles pollinisent c’est-à-dire qu’elles prennent une information ici pour la transporter ailleurs, elles sont industrieuses et sociables.
Les domaines d’activités de Bamboo & Bees ne s’appellent pas « droit commercial », « droit des sociétés », mais « Vie », « Intelligence », « Création ».
« Nous assistons et défendons des entreprises et des entrepreneurs innovants, des artistes aussi, principalement dans les secteurs économiques suivants : la Vie : développement durable, santé humaine et animale, alimentation, énergies, transports, informatique, nanotechnologies... l’Intelligence et la Création : Internet, télécommunications, informatique, télévision, radio, Cinéma, livre, photographie, musique,... ».
Démocratiser le droit des affaires c’est le rendre accessible au plus grand nombre. Notamment aux jeunes entrepreneurs qui sont les créateurs de valeur et de richesse.
Bamboo & Bees a une approche clients particulière, à l’image des jeunes entreprises innovantes que le cabinet conseille.
« Pour nous rendre accessibles, nous sommes moins chers et nous garantissons nos prix. Pas plus de 250 € de l’heure et si c’est encore trop cher nous avons d’autres solutions. Nous avons introduit le concept « satisfait ou remboursé ». Y a-t-il un autre cabinet qui fasse cela ? Cela veut dire que si les critères de satisfaction du client ne sont pas atteints nous remboursons. »
Le premier travail que nous faisons avec notre client, est d’établir ses critères de satisfaction sous la forme d’une liste, par exemple, rapidité de la réponse, exhaustivité, etc, que nous lui demandons ensuite de pondérer. C’est une chose très importante que de savoir ce qui satisfait le client. Si dans le traitement du dossier j’obtiens entre 75 et 125 % des points, je garde l’argent qu’il a versé ; si j’ai moins de 75%, je rembourse ; si j’ai plus de 125% j’ai droit à un bonus.
Si malgré cela, nous sommes encore trop chers, nous acceptons d’être payés, en partie, en participations ou en actions avec une promesse de rachat d’actions. Cela, personne ne le fait pourtant la dation est un mode ordinaire de paiement. »
En interne également, Bamboo & Bees a une approche particulière. Plus qu’un style, une manière de voir différente. Une entreprise aujourd’hui, c’est un ordinateur et une connexion internet. Et des barrières qui tombent. Pourquoi ne pas faire la même chose en cabinets d’avocats ? Réduire les coûts, et pour cela par exemple choisir l’open space, ou encore s’installer dans des quartiers qui ne soient pas forcément dans l’ouest parisien.
« Au cabinet, nous avons un modèle social innovant. Ce qui fait exploser les cabinets, c’est le fait qu’ils veulent toujours plus d’argent et comme ils n’arrivent jamais à en avoir suffisamment, certains avocats s’en vont, cela fait exploser les cabinets ou alors ils augmentent les tarifs qu’ils facturent à leurs clients et cela fait exploser les clients et donc le cabinet », résume Marc Lipskier, en exagérant peut-être un peu le côté artificier.
« Nous nous interdisons de gagner plus d’argent et nous nous assurons que tout l’argent que nous gagnons soit réparti équitablement à l’intérieur du cabinet. Nous avons fixé comme principe que tout le monde gagnait la même chose quel que soit son degré de séniorité et sa fonction. » Une coopérative ouvrière de production, en quelque sorte.
« Actuellement les stagiaires gagnent plus que nous, les associés, parce que, nous, nous sommes payés sur le bénéfice et que nous n’avons pas encore fait de bénéfice », précise Marc Lipskier. C’est une démarche militante, comme tout ce qui est entrepris dans le cabinet.
Quel est l’avenir d’un tel modèle ? Marc Lipskier espère faire des émules parce que pour lui c’est du « GBS », du grand bon sens.
Pour cela, cet avocat entrepreneur, qui dispose d’une chronique hebdomadaire sur BFM, dans l’émission « Green Business » de Nathalie Croisé, utilise pleinement les moyens électroniques. Un site, lui-même très innovant, devrait voir le jour dans les semaines qui viennent et le cabinet prépare une collection de petits livres gratuits téléchargeables sur différents sujets du droit des affaires.
« L’essence du marketing est de créer de la sympathie, de créer un rapport affectif avec ses clients. Pour le reste, c’est une démarche de marché or il y a un trou dans le marché. Notre démarche n’empêche pas la rigueur mais n’oblige pas non plus aux costumes à rayures », conclut Marc Lipskier.
Axelle de Borger
Article paru dans "Le monde du droit" du 15 février 2010
http://bit.ly/cyq8zj
lundi 22 février 2010
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